
J’ai écrit plusieurs lettres à ma fille depuis sa naissance. Pour le moment, je ne pense pas lui montrer un jour. Je ne pense pas non plus les faire lire à mon chum. C’est trop intime et j’ai peur qu’il ne me comprenne pas. C’est plutôt une forme de thérapie pour moi de mettre des mots sur mes ressentis. Comme si le fait de les verbaliser me permettait de les conceptualiser et de les accepter.
Après avoir écrit ces lettres, on m’a proposé de les publier sur un blogue. On m’a présenté un endroit où je pourrais m’exprimer librement et de façon anonyme pour ne pas blesser mes proches. Il était important pour moi de publier, car je cherche, depuis mon accouchement, à appartenir à un groupe. À être reconnue, écoutée et comprise comme nouvelle maman à l’ère 2020. Surtout, j’ai le besoin viscéral de dire à toutes celles qui se reconnaissent (partiellement ou totalement) en moi qu’elles ne sont pas seules. J’ai besoin de savoir que JE ne suis pas seule.
© Epictura / vovan13
J’ai donc accepté l’idée de publier mes lettres. Puis, le dévoilement du nom du blogue m’a figée. ‘’Be the light’’, en français, sois la lumière. Y’a pas grand chose de lumineux dans mes premières lettres. Est-ce que je vais être pertinente ? Est-ce que j’ai vraiment ma place sur ce blogue ? J’ai pris une semaine pour y réfléchir. Je ne suis toujours pas certaine. J’ai envie d’écrire sur le beau, c’est certain. Mais je tiens plus que tout à écrire sur le vrai. En même temps, je me dis que pour que les gens comprennent mon ‘’beau’’, ma “lumière’’, ils doivent comprendre par où je suis passée avant.
Be the light, sera peut-être pour moi le processus vers la lumière au bout du tunnel. Un signe d’espoir, un vent de changement et de positif. J’ai envie de laisser la dernière année derrière moi. De me pardonner d’avoir vécu une année aussi poche. J’ai envie de choisir d’oublier volontairement cette année et de recommencer sur une page blanche (aussi ‘’quétaine’’ soit cette idée). J’ai envie de recommencer à vivre, à être heureuse, à créer une famille unie et aimante. J’ai envie de vivre la vie de famille que je m’étais imaginée pendant ma grossesse. J’ai envie de mettre mon énergie sur ma famille et moi. Je ne veux plus essayer de comprendre et d’excuser ma dernière année. J’accepte (ou tente de, soyons réalistes) que la 1re année de ma fille ne soit pas la plus belle année de ma vie. J’accepte que son arrivée dans ma vie ne soit pas synonyme ‘’d’avoir enfin trouvé ma raison de vivre’’, parce que c’est faux. Je l’aime et je serai toujours là pour elle. Je veux l’accompagner, la soutenir et la guider afin qu’elle soit heureuse. Mais, elle n’est pas ma raison de vivre. Peut-être que ce sont mes difficultés d’attachement qui parlent, mais je ne veux pas définir ma vie autour d’elle. Et si on me l’enlevait ? Comment survivrai-je ? Je désire vivre pour moi-même et profiter de tous les moments que la vie m’offre avec elle. J’ai l’impression de briser le moule ou d’être brisée. Je ne réponds clairement pas aux standards de bonne mère aimante que la société véhicule, pourtant, je suis quasi certaine d’être une excellente maman. Suis-je la seule à me sentir ainsi ?
Be the light, ce sera pour moi une façon de montrer ma lumière, même dans la période la plus sombre de ma vie. Ce ne sera peut-être pas la lumière la plus éblouissante, il n’y aura peut-être pas de confettis et d’envolées d’oies blanches, mais ce sera ma lumière, ma vraie. J’espère sincèrement rayonner dans le cœur de mes consœurs-mères et partager l’espoir malgré les moments plus difficiles de la parentalité.
Contributrice Anonyme
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